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ils sortirent du jardin avec les Charbonniers qui n’avaient pour armes que leurs bâtons, et pour drapeau qu’un sac à charbon attaché au bout d’un gourdin. Ils firent place au régiment de Flandres et aux grenadiers de la garde parisienne qui se rangèrent en bataille sur toute la longueur de la terrasse.

Cependant le roi, échappé encore une fois au glaive, mais tremblant pour ses jours, s’enferma dans son château et fit interdire, le matin, l’entrée des Tuileries au public.


Plan des Nobles et des Émigrés pour renverser la Constitution de 1791.


Ce fut durant cette captivité que les aristocrates travaillèrent à organiser dans le midi la coalition des fidèles sujets de Jalès[1], pour opposer un front terrible aux efforts des Jacobins d’Orléans-Égalité, annuler le serment du clergé, maintenir dans son intégrité le culte catholique et exterminer sans pitié, du sol de la patrie, les fondateurs de la liberté.

Ce qui pouvait seconder le plus efficacement ce hardi projet, c’était le plan proposé depuis plusieurs mois, et bientôt mis à exécution, de stipendier des écrivains mercenaires, des correspondants dans les provinces, des chanteurs adroits, des hommes intelligents dans les bureaux de l’assemblée pour la secrète communication des pièces, des observateurs au club des Jacobins, dans la société des Cordeliers, dans chaque section des orateurs et des applaudisseurs apostés, des motionnaires aux Tuileries, au palais royal, dans les cafés, dans les ateliers, aux spectacles et dans les guinguettes. Deux cent mille livres furent consacrées au paiement des gages de ces différents acteurs.

Mais ce fut justement ce plan qui accéléra la chute du trône. Les sourdes manœuvres des royalistes furent déjouées par la prévoyance des amis de la liberté. Si Capet avait ses

  1. Ou Jallez, bourg de l’Ardèche. Cette conspiration de nobles contre l’Assemblée nationale échoua piteusement.