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enlever Capet, et qui furent chassés ignominieusement par la garde nationale.

Le colonel de ** fut bourré par un garde national, autrefois son valet de chambre. Pourquoi donner des coups à Monsieur, lui demanda son capitaine ? — Donner ! répondit le soldat ; je ne donne pas ; je ne fais que rendre.

Un autre de ces Messieurs qui avait été mené rudement dans la même journée, se trouvant quelques jours après à l’Opéra, quelques-uns de ses amis lui firent compliment de condoléance. Mordieu ! s’écria-t-il, les coups de pied que j’ai reçus dans le cul, ne me sortiront jamais de la tête, et la garde nationale ne mourra jamais que de ma main.


JOURNÉES DU 12 JUIN ET DU 10 AOÛT 1792


Lorsque l’artificieux Lafayette favorisa la fuite de Louis XVI, et l’exposa à son retour à Paris aux lazzis du peuple indigné, c’est qu’il avait fondé d’avance sur ce hardi stratagème, le projet d’une République. Les événements qui suivirent cette fuite honteuse confirment cette assertion. Depuis lors, en effet, la faction d’Orléans demanda à grands cris la déchéance du roi, et donnant un plein essor à la licence de la presse, le monarque des Français ne fut plus désigné que sous la figure d’un stupide cochon.

Le peuple, entraîné par les discours et les écrits séditieux que payaient les conducteurs de cette même faction, honteux d’obéir à un chef avili, plongé dans la boue, ne le regarda plus que comme une pièce mécanique inutile à l’action du gouvernement, surtout puisqu’il existait une Assemblée nationale.

Ce fut dans ces circonstances que parut la première Constitution. Le roi prisonnier à qui elle restituait une partie de sa primitive autorité, l’accepta. Mais se défiant