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décret a mis la peste dans les hôtels, et a valu une peste réelle pour les médecins[1].

C’est surtout la plus belle moitié de la gent aristocrate qui est attaquée de cette peste dont les malades expirent dans des étouffements extraordinaires, comme d’une aristocratie rentrée. D’autres s’éteignent insensiblement et dans les langueurs de la consomption. Ce spleen aristocratique mine également la duchesse septuagénaire, et la maréchale édentée, et la jeune vicomtesse qui se flattait, lorsqu’elle n’aurait plus ses couleurs de couvent, de se séparer encore de l’ordre des vilains, avec le privilège du rouge. Elle se désole de n’avoir plus sa livrée. Elle dit, comme dans l’enfant prodigue :

Votre écusson, vos gens, votre livrée,
Tout retraçait une image adorée.

Mais d’autres se consolent puisqu’on leur avait laissé leur laquais. Soit dit à l’honneur des dames de la cour, en général, personne ne méprisait moins le tiers : on dit qu’elles avaient mis en fait la réunion des ordres, bien avant que Siéyès l’eût mise en thèse.


TRAVAUX DU CHAMP-DE-MARS



On ne vit peut-être chez aucun peuple cet étonnant et à jamais mémorable exemple de fraternité ; je n’y pense jamais sans admiration : c’est là que j’ai vu cent cinquante

  1. Il était temps : les médecins commençaient à se plaindre de la diminution de leurs pratiques : une dame disait dernièrement à l’un d’entr’eux : … Il me paraît, monsieur le docteur, qu’il n’y a plus beaucoup de malades. — Eh ! Madame, lui répondit-il, comment voulez-vous qu’il y en ait ? on a mis tout le monde au régime. (Note de Mercier.)