Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

première, par continuation ; la seconde, sans motif ; la troisième, pour appointements conservés.

M. Hamelin : vingt-un mille livres, en considération de la modicité de sa charge de receveur général des finances, De la modicité !… Lecteurs, n’oublions jamais l’article de M. Hamelin : un temps viendra où nous raconterons au coin du feu les merveilles dont nous sommes témoins, comme les Mies racontent les voyages de Simbad-le-Marin et l’histoire de la Belle au bois dormant : tunc meminisse juvabit.

Cette modicité de M. Hamelin me fait penser à un vieux officier nommé M. Segrave qui eut le bras emporté il y a cinquante-cinq ans au siège de Fribourg, et qui n’a pas encore pu obtenir les quatre sous par jour que l’ordonnance accorde à tout officier mutilé. Ô M. Hamelin ! combien de quatre sous par jour dans votre recette générale des finances ! Et vous n’êtes pas content, M. Hamelin ! et il vous faut absolument une pension de vingt-un mille livres ! Voici ma motion : Que les quatre sous demandés par M. Segrave soient donnés à M. Hamelin : que mille écus de la pension de M. Hamelin soient donnés à M. Segrave, et que les dix-huit mille livres de surplus soient restituées à la Nation.

En général on a remarqué, dans le Livre rouge, des pensions à un grand nombre de femmes comme il faut, à des commis et secrétaires comme il n’en faudrait pas, et à quelques militaires comme il en faudrait beaucoup. Dans la liste des femmes, on trouve une Dame près d’Avranches qui a douze cent livres de pension pour avoir reçu nombre de fois à la table, un certain colonel… On assure bien que c’est à sa table.

Après avoir parlé du Livre rouge, dans une des séances de l’Assemblée nationale, M. le Camus y dénonça un autre livre intitulé : Livre des traitements. Celui-ci est le cadet du Livre rouge, et contient comme son aîné une liste des turpitudes et des déprédations des courtisans et des ministres. Un membre du côté noir ayant demandé par dérision de quoi ce livre était couvert : — Du sang du peuple, répondit avec véhémence, Barnave.