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toutes ces demandes. Quel est le sot qui voudrait avoir une femme d’un grand esprit ? Quelle est la femme qui demande en son mari un autre esprit, que l’esprit amusant ? Que fait le génie pour le lit conjugal ? Les gens qui ont trop d’esprit, sont ordinairement critiques, et d’un commerce difficile ; comme ils voyent mieux que les autres les défauts de chaque chose, ils ne sont que rarement satisfaits ; et la vivacité qui les domine, les fait exprimer leur sentiment d’une manière prompte, et quelquefois ironique, dont l’orgueil des autres est désagréablement humilié. D’un autre côté, ceux qui n’ont qu’un esprit orné, mais qui s’aveuglent assez pour se croire un génie supérieur, sont encore plus insupportables : ils croient réparer leur insuffisance par un air caustique et imposant qui fait mourir d’impatience, parce qu’il n’est soutenu d’aucune justesse. Comment donc faire ? aller au bureau de l’Indicateur des mariages, et tirer à la loterie.

Ce bureau pourrait avoir son pendant, celui où l’on enseignerait à la femme à regagner le cœur de son mari… Mais ce n’est pas la peine d’en tracer le frontispice, ce bureau-là serait désert.


FIN