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du peuple vraiment courageux, qui dénonçaient au département les erreurs de leurs collègues et les trames impies de l’étranger. Pitt se réjouissait de voir la Convention caresser ses complices, et punir ses ennemis. Il jeta des monceaux de bitume dans le foyer brûlant, fit encore les soulèvements successifs de Germinal et Prairial an 3, et n’ayant que des demi-succès, il tenta l’audacieuse et désespérée conspiration de Vendémiaire : mais le canon tua ce jour-là les royalistes ; peu lui importait pourvu que le sang français coulât.

Après avoir abusé les rois de l’Europe, et trompé les émigrés, il osa envoyer au corps législatif ces rebelles, ces hommes sans pudeur, ces royalistes déhontés qui obligèrent la main du gouvernement à trancher subitement dans le vif dans les deux conseils et jusques dans le sein même du Directoire.

Immortelle journée du 18 Fructidor ! c’est ta clémence qui a montré ton pouvoir, et tu devrais être le dernier jour de la Révolution.

Mais non ! la cour de Vienne perpétuellement trompée menace encore la République, et ajoute foi à la possibilité d’un horrible bouleversement. Il fallait bien compter sur l’aveuglement de l’Europe, sur son ignorance quant à ses véritables intérêts.

Tous ces efforts contre la France mettent à nu la faiblesse d’un gouvernement ennemi. Il se trouve isolé ; ce n’est plus qu’une puissance du 3e ordre ; sa position géographique a surpris une sorte d’admiration qui va cesser. Les infidèles ministres d’un peuple qu’on a rendu insolent, et qu’on a élevé dans l’arrogance, entendent de loin le bruit de cette tempête que l’indignation a soulevée contre eux. Voici le terme de leur charlatanisme, voici le moment où le pied du Français débarquant sur leurs côtes va ordonner l’abaissement de leur usurpation et rendre à toute société politique ses droits violés. En châtiant ces insulaires, le repos du monde est assuré, et la liberté visitera des peuples nés pour elle.