Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fêtes que pour les voir de loin, força la garde, et fit trois ou quatre trouées dans l’enceinte. Les courses au reste ne méritaient pas tout ce brillant appareil ; elles furent aussi quatre trouées dans l’enceinte. Les courses au reste ne méritaient pas tout ce brillant appareil ; elles furent aussi mesquines que notre inexpérience dans ce genre peut aisément le faire supposer. C’est le fils d’un maquignon qui a remporté le prix de celle à cheval.

Du Champ-de-Mars, je me rendis aux Champs-Élysées. C’était un autre spectacle : on eût presque dit un autre peuple ; si la danse, si les jeux, si les chants n’eussent également rappelé sa légère insouciance, et son aimable frivolité.

Mais il n’y avait plus ici de ces femmes brillantes de grâces et de parure, il n’y avait plus ni chevaux anglais, ni élégants à parole numéraire : c’était la simplicité bourgeoise, c’était le peuple, par excellence, assis sur l’herbe, mangeant des cerises et des échaudés, ou se promenant gaîment autour de la charmante enceinte de guirlandes, de lanternes et d’artifices, que Ruggiéry achevait de décorer.

L’illumination ne fut complète que fort tard ; elle fut lente à se former ; mais les spectateurs occupés de leurs jeux, n’avaient l’air ni de s’ennuyer, ni de s’impatienter.

L’obscurité de la nuit, la douceur de l’air, le mélange des groupes, la disposition des esprits, le bruit des danses, la magie des arbres, tout favorisait les doux entretiens, et semblait encourager les épanchements et la gaîté.

Il était près de onze heures quand on tira le feu d’artifice. On connaît tous les talents de Ruggiéry pour ce genre de spectacle pyrique, dont les Parisiens surtout sont si curieux ; on n’eut à reprocher à celui-ci que d’avoir été trop bref, et peut-être aussi à l’auteur, de n’avoir pas élevé son foyer assez haut.

Le tableau de l’enceinte entière tout en feu par l’incendie des poteaux et des guirlandes qui la composaient, fut extrêmement brillant, et n’eût, comme, en général, toutes les choses brillantes, qu’un moment trop court d’existence ; et c’est dommage, car à voir les regards fixés sur cet objet, longtemps après qu’il fût disparu, on pouvait deviner tous les regrets qu’ils avaient laissés.