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présent le mot et la chose, au grand contentement des jeunes garçons et des jeunes filles qui les écoutent. Les auditeurs de ce pays-là ont les oreilles comme le gosier : elles veulent être écorchées.

Le ménétrier grince les dents avec un violon à trois cordes : son aide femelle en joue aussi ; elle tient l’archet de la main gauche, pour mieux démancher la droite.

Les aveugles des Quinze-Vingts n’ont plus seuls le privilège de faire jurer le violon sous l’archet et de nous secouer la tête avec la caisse militaire, les aveugles travailleurs les secondent avantageusement. Ces aveugles fameux, dont l’orchestre ambulant suivait, dans les beaux jours de Robespierre, le char de la Raison, jouent aujourd’hui des tragédies et des comédies. Ce tour de force n’est pas plus difficile à croire que la motion de ce certain aveugle, qui prétendait à la tribune des Jacobins, voir plus clair en finances, que tout le corps législatif.


NOUVEAUX VOLEURS



Au milieu de ce débordement de toutes les passions humaines, et lorsqu’on avait agité et battu l’étang, il était impossible que le limon ne montât point à la surface, et ne troublât point la pureté des eaux.

Il y eut donc des voleurs, des bandes de voleurs, et dont le nombre s’accroît tous les jours avec leur audace. Des vols immenses se font ; je dirai plus, des complots se forment : cependant la police veille : mais elle a eu comme les autres institutions ses alternatives de force et de faiblesse ; elle fut corrompue elle-même.

Les comités révolutionnaires n’avaient pas grand intérêt à poursuivre ces scélérats qui, sous différents costumes, s’insinuent dans les maisons, y prennent des renseignements