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ROBES, AJUSTEMENTS



Les jolies femmes et les Déesses du jour continuent à balayer les rues boueuses de la capitale avec leurs robes traînantes et transparentes.

Le ciel serein de la Grèce, l’égale et douce température de son climat, la netteté des rues de ses villes opulentes, justifiaient la forme et le port des robes athéniennes ; mais à Paris, ville de boue et de fumée, l’hiver surtout, de pareilles robes ne peuvent paraître que ridicules aux esprits sensés.

Les grandes dames commencent à dédaigner les châles dont se parent à leur tour nos sémillantes plébéiennes. Un corset de poupée étroit et guindé le remplace, et accuse leur taille naguère invisible.

Pas une petite maîtresse, pas une grisette qui ne se décore le dimanche d’une robe athénienne de linon, et qui n’en ramène sur le bras droit les plis pendants, pour se dessiner à l’antique ou du moins égaler Vénus aux belles fesses.

Les hommes portent l’habit carré dont la taille est d’une longueur démesurée : les basques reviennent sur les genoux, les culottes descendent jusqu’aux mollets, les souliers à la pointe du pied et minces comme une feuille de carton, la tête repose sur une cravate comme sur un coussin en forme de lavoir ; à d’autre elle leur ensevelit le menton.

Les cheveux sont ou hérissés ou séparés sur le front : les faces pendantes voltigent derrière les oreilles ; par derrière ils sont nattés. Plus de manchettes, ni de jabots : la manie du linge fin comme la batiste est universelle. Une aiguille d’or en forme d’étoile ou de papillon indique la finesse et la blancheur de la chemise.

L’individu costumé de la sorte, marche comme un Hercule, un bâton noueux à la main, et des lunettes sur le nez.