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on ne songe sérieusement qu’à manger, qu’à bien dîner ; et tous ces miroirs qui décorent ces salles de restaurateurs, réfléchissent l’égoïsme qui seul dévore tout à son aise ; et qui, quand il a dîné, n’est touché de l’infortune de personne.


NOUVEAUX ATELIERS



La fille de Lepelletier-St-Fargeau, en se mariant avec un très riche Hollandais[1] reçut en présent de noce, devinez… douze perruques !

Ces perruques sont toujours sans poudre ; il est telle femme qui commande une perruque aussi souvent que des souliers, et qui en compte jusqu’à quarante dans sa garde-robe.

Pourquoi toutes ces perruques ? C’est que par elles l’on change chaque jour de physionomie ; c’est que l’on ne dépend plus d’un rare coiffeur, c’est que l’on offre à son amant un visage toujours nouveau, et qu’on lui cause quelquefois d’agréables surprises. On lui connaît, ou on lui soupçonne une maîtresse ; vite, l’on prend sa chevelure !

La calvitie est ce qui dépare le plus une femme ; elle doit en éviter soigneusement jusqu’à la moindre apparence.

Il y a donc maintenant des ateliers de perruques de femmes ; ils ont presque l’élégance des boudoirs ; un grain de poudre n’oserait s’y montrer ; vous y trouvez un assortiment complet de toutes les perruques de toutes les nuances, de toutes les formes, de toutes les dimensions, de toutes les longueurs.

Le perruquier au centre de ses glorieuses tignasses, serre artistement du bout du doigt la pointe d’une papillotte ; il ne permet pas à un cheveu indocile de s’écarter, il est

  1. Adoptée par la Convention après l’assassinat de son père, Suzanne Lepelletier de Saint-Fargeau épousa l’un des descendants des grands pensionnaires de Hollande, de Witt.