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Charrette fait nombre auprès d’eux ; et il était donné à la genérosite française de rendre hommage à ses talents en détestant son méprisable fanatisme. Les portraits du gros Louis et de sa fille sont encadrés et exposés comme les autres : ce sont des images et rien de plus aux regards du spectateur qui les achète s’il lui plaît, ou qui leur rit au nez, suivant sa fantaisie. On vous tire par la manche et l’on vous offre la Mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette, tragédies ; cela ne vaut que quinze sous pièce, et personne n’en veut.

Mais ce qui frappe le plus, c’est la fainéantise du peuple. Le petit peuple travaille très doucement. Ses bras daignent à peine faire le moindre effort. Son métier est devenu pour lui une espèce d’amusement. Le gros travail lui fait peur : le brancard est peu chargé, la hotte est légère. Il loue ses bras comme par condescendance ; il veut dans une heure gagner le prix d’une journée entière ; il semble enfin, en travaillant avec l’insouciance la plus marquée, obliger encore le maître ou le bourgeois qui la paie chèrement. Au reste, les guinguettes, les spectacles sont remplis par lui de bonne heure. Oubliant le passé, tuant le présent, ne songeant pas à l’avenir, il va tous les jours aux promenades publiques ; il est sur les boulevards, sur les quais, les bras croisés ; il est dans les cafés, occupé d’une partie de billard, ou s’appesantissant sur un dé de dominos ; il y passe sa vie : il a presque honte du travail de la boutique. Enfin, grâce à la multiplicité indicible de tripots, de billards, de salles de spectacles à bon marché, de cabarets, le Parisien est devenu l’homme le plus paresseux de toute la terre. On se demande : quel travail nourrit cette multitude oisive ?

Il y a peu de jours la taille des robes des femmes illustres se dessinait en cœur ; actuellement celle des corsets se termine en ailes de papillons dont le sexe semble vouloir en tout se rapprocher, et qu’il prend le plus souvent pour modèle. Hier, c’étaient les chapeaux à la Paméla ; aujourd’hui, les chapeaux à l’anglaise : hier, elles se paraient de