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Enfin l’entrepreneur de limonade, fier de son orchestre, pousse la hardiesse jusqu’à dresser un théâtre en plein Café. On y joua la tragédie et l’opéra bouffon. Si l’on riait autant à l’une qu’à l’autre, c’est que les spectateurs qui buvaient le petit verre dans les entr’actes ne savaient pas pleurer.


CARICATURES, FOLIES



Les caricatures semblent vouloir remplacer les feuilles périodiques et former une addition à la liberté illimité de la presse. Les passants s’arrêtent en foule au-devant des marchands d’estampes, pour regarder les incroyables, les merveilleuses, la marchande de merlans, le rentier, la folie du jour, l’anarchie, le danger des perruques. Il faut dire, pour l’instruction des étrangers, que cette dernière estampe offre une femme courant à cheval, et dont la chevelure et le chapeau s’envolent à la fois.

Ces peintures naïves de nos ridicules, de nos folies, de nos travers, de nos vices, n’excitent que le sourire passager d’un peuple volage qui s’étudie dans sa mise, qu’il varie à chaque instant du jour, à faire la charge même du ridicule dont on lui offre le fidèle miroir. Qui le croirait ? l’estampe des incroyables a généralisé les oreilles de chien : c’est ainsi que les journaux ineptes, frondeurs du républicanisme, ont fait beaucoup de républicains.

À côté de ces caricatures, figurent, en grand costume, les portraits de ces généraux, dont les noms inconnus se sont tout à coup couverts d’une gloire immortelle, et qui, généreux défenseurs de la France, ont, en la protégeant, sauvé l’Europe entière de l’horrible système d’oppression et d’esclavage que les rois avaient médité contre les peuples : leur concorde républicaine, loin de la basse jalousie, ne les honore pas moins que leurs victoires.