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le régime ancien se font entendre, ils sont devenus si bas, que l’on ne porte plus de ces éventails adroitement semés de fleurs de lys, ni de ces bonbonnières mystérieuses où un secret découvrait habilement les enseignes proscrites de la royauté. On ne parle plus même que comme d’un amusement bizarre des bals à la victime, que je ne dois pas passer sous silence.

Croira-t-on dans la postérité que des personnes dont les parents étaient morts sur l’échafaud, avaient institué non des jours d’affliction solennelle et commune, où rassemblées en habits de deuil, elles auraient témoigné leur douleur sur des pertes aussi cruelles, aussi récentes, mais bien des jours de danses où il s’agissait de valser, de boire et de manger à cœur joie. Pour être admis au festin, et à la danse, il fallait exhiber un certificat comme quoi l’on avait perdu un père, une mère, un mari, une femme, un frère ou une sœur sous le fer de la Guillotine. La mort des collatéraux ne donnait pas le droit d’assister à une pareille fête. Est-ce la danse des morts de Holbein qui avait inspiré une pareille idée ? Pourquoi, au milieu du bruit des violons, ne fit-on pas danser un spectre sans tête ?

Vains efforts de l’aristocratie pour former de nouveaux conciliabules ! tout ce qui porte l’empreinte d’un fanatisme ou d’une cérémonie bizarre, est fait pour s’évanouir promptement.


ORCHESTRES DE CAFÉ



Jadis il n’y avait que les rois et les princes du sang qui jouissaient du singulier privilège de dîner en musique. Aujourd’hui, tous les citoyens indistinctement sont princes et rois. Ils dînent en symphonie avec flûtes, cors et haut-