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dalmatiques et des soutanes à vendre de tous côtés : on s’en faisait des robes de chambre ; autant les conserver en leur entier pour amuser les Théophilanthropes, et faire rire les protestants.

Cet entrepreneur, doué d’une imaginative qui ne le cède en vigueur à personne qui vive, a été d’abord marchand de pierres à détacher, puis batteur de caisse sur les tréteaux de spectacle ; comédien, directeur de théâtre à Rouen, enfin, directeur de tous les gestes muets qui semblent nous annoncer la résurrection de ce genre si cher aux Romains et pour lequel ils se divisèrent en factions.

Aujourd’hui, on rencontre le directeur Ribié (et il n’a pas d’autre titre sur tous les boulevards) on le rencontre, dis-je, menant les chevaux les plus fins, précédé ou suivi d’un écuyer vêtu à la Franconi ; et le modèle d’une voiture élégante est celui qui traîne le directeur de l’un à l’autre spectacle, car il en dirige deux ; il dirige deux républiques.

Ainsi, j’ai vu Poultier moine, joueur de gobelets, Stentor de spectacles forains, acteur chez le grimacier, même auteur, puis représentant du peuple, et pour couronner tant de gloire, journaliste, et l’ami des lois[1] ! mais le directeur Ribié a plus de renommée que lui.


LES BALS D’HIVER



Aux bals de printemps et d’été, à ces bals déjà très-nombreux, ont succédé rapidement ceux d’hiver. C’est une autre teinte, mais il n’y a point eu d’interruption pour

  1. Le conventionnel Poultier d’Elmotte fut encore militaire, commis à l’Intendance de Paris et chanteur à l’Opéra.