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Conseils. Les satires contre le gouvernement leur sont aussi indifférentes que tous les éloges qu’on en pourrait faire. Leurs dîners fins valent mieux que ceux des Directeurs. Ils sont étrangers à tout ce qui se passe hors du cercle de leurs plaisirs ; tous les débats politiques n’attirent pas plus leur attention, que les découvertes de Lavoisier n’attirent l’attention des mauvais poètes. S’ils entrent dans une boutique, ce n’est pas dans celle du libraire qui vit de pamphlets royalistes ; ils entrent chez les marchands d’estampes, chez le bottier, le confiseur, qui sont porte à porte, ou chez les bijoutiers, dont les devants de boutique sont tout brillants d’or et de diamants, de tabatières, de bagues énigmatiques. Leurs laquais oisifs s’enfoncent chez les vendeurs de saucissons, de pâtés, ou font quelques spéculations grossières sur les prétendus vins de cinquante-deux sortes : mais ces laquais ont beau vouloir imiter leurs maîtres, jamais ils ne feront, même en petit, ce que les agioteurs font en grand et avec des monosyllabes magiques.

Tel est le cloaque infect placé au milieu de la grande cité, qui menacerait la société entière d’avilissement et de pourriture, si les scandales qu’il offre n’étaient pas resserrés dans un point.


DÉMOLITION DES ÉGLISES



Elles tombent de tous côtés ; encore quelques années, et l’on ne saura plus où gisaient les églises des Cordeliers, des Jacobins, des Augustins, des Carmélites, des Bernardins, de Ste-Opportune, de St-Jean-en-Grève, et de Saint-Germain-le-vieux.

Saint-Jacques-la-Boucherie, dont l’origine se perdait dans la nuit des temps, et dont la tour, voisine des nuages, défia constamment les carreaux du tonnerre et en fut