Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme bien des femmes de Nantes, des Guillotines de vermeil.

Il reçut, dit-on, des excuses de la reine, lorsque, sur l’échafaud, elle eut posé par mégarde le bout de son pied sur le sien. Que pensa-t-il alors ? il fut longtemps payé des deniers du trésor royal : quel homme que ce Samson ! il va, vient comme un autre, il assiste quelquefois au théâtre du Vaudeville ; il rit, il me regarde ; ma tête lui est échappée, il n’en sait rien ; et comme cela lui est fort indifférent, je ne me lasse pas de contempler en lui cette indifférence avec laquelle il a envoyé dans l’autre monde cette foule d’hommes tant du premier que du dernier rang : il recommencerait si… et pourquoi pas ? N’est-ce point là son métier ?

Quand les charretées de ces innombrables victimes étaient traînées par trois ou quatre haridelles, comment ne s’est-il pas trouvé dans l’espace de quatorze mois quarante hommes déterminés, perçant le flanc des haridelles, et donnant ce grand signal de courage propre à le réveiller dans l’âme de leurs concitoyens ? Mais non ! tous les braves étaient morts ou aux armées ; et la terreur était telle que si l’on eût dit à un particulier : « À telle heure la charrette passera devant ta maison, tu descendras, et tu t’y placeras » le particulier aurait attendu la charrette, aurait descendu son escalier, et s’y serait placé ?


MUSCADINS



Espèce d’hommes occupés d’une parure élégante ou ridicule, qu’un coup de tambour métamorphose en femmes. « Le fils du Czar Pierre I, s’est brûlé les doigts, » dit un de nos écrivains, « pour n’être point forcé au travail que son père exigeait de lui. » Nous avons vu un Muscadin se résoudre à se faire couper l’index, pour éviter de porter