Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

monarque in partibus, il fut appelé le gros régent et le roi de Vérone.

Les contre-révolutionnaires l’appellent Louis XVIII. Sa nullité est si bien prononcée, que les républicains eux-mêmes lui donnent ce titre par dérision.

Sa conduite ne fut pas tout à fait indifférente aux progrès de la Révolution. On eût dit qu’il prêtait la main à toutes les sottises de la cour pour en recueillir le fruit ; mais on devina ses intentions, et il tomba dans un mépris tel, qu’il ne peut se métamorphoser en oubli.


SAMSON



C’est le bourreau : Voltaire a dit que c’était au bourreau à écrire l’histoire des Anglais ; l’on pourrait dire de même que ce serait à Samson à écrire celle du règne de la terreur.

Quel homme que ce Samson ! impassible, il ne fit jamais qu’un avec le couperet du supplice. Il fit tomber la tête du plus puissant monarque de l’Europe, celle de sa femme, celle de Brissot, celle de Couthon, de tous les adverses, et tout cela d’un front égal ; il fit couler en ruisseau le sang mêlé des princes, des législateurs, des plébéiens, des philosophes. Si l’on a appelé un geôlier un verrou-animal, on peut appeler Samson la Hache-Guillotine. Il abat la tête qu’on lui amène, n’importe laquelle. Quel instrument ! quel homme ! il dut craindre de rester seul un jour dans Paris.

Que dit-il ? que pense-t-il ? A-t-il fait réflexion qu’il avait mis à mort tous les chefs des partis contraires : Charlotte Corday et Fouquier-Tinville, l’épouse de Roland et Henriot.

Je voudrais bien savoir ce qui se passe dans sa tête, et s’il a regardé ses terribles fonctions uniquement comme un métier. Plus je rêve à cet homme, président du grand