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cependant une terrible influence après les journées de Prairial. Il destitua Bonaparte.[1]

Il fut le fléau des armées françaises ; il congédia avec une froide insolence presque tous les braves officiers républicains qu’il remplaça par des chevaliers du poignard, par des gardes du corps et autres gens dévoués à la cause de la royauté.

Jamais la République ne fut plus en danger que lors des opérations de cet artificieux et froid scélérat, qui enchaîna la valeur de nos troupes, et il était temps que le 18 Fructidor frappât tous ces Clichiens qui allaient tous, sous l’infâme Carnot, trahir et ensanglanter la patrie.

Il faut dire encore que Boissy-d’Anglas et Aubry étaient parmi les folliculaires royaux, les plus plats et les plus mauvais écrivassiers de leur espèce.


COUPEUR DE TÊTES

Ce monstre ! je l’ai vu : il fut longtemps esclave à Maroc, dont le souverain compte au nombre de ses menus plaisirs, celui de faire sauter cinq à six têtes chaque matin avant de déjeûner. C’est là qu’il s’est exercé par force à l’horrible métier qu’il fit ensuite par goût à Paris.

On rapporte qu’à Versailles, cet homme féroce, pour empêcher que la pluie n’enlevât le sang qui colorait sa barbe (qu’il porta longtemps), la tenait à l’abri sous sa redingote. Il disait en revenant à Paris après la nuit du 6 Octobre 1789 : C’était bien la peine de me faire aller là-bas pour deux têtes !

Il se vantait d’avoir arraché le cœur à Foulon et à

  1. Déporté par le Directoire à Cayenne, Aubry parvint à s’échapper en 1799, mais mourut en route.