Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.

épargner le coup qui la renversa (car c’est par ce coup que le trône fut véritablement frappé), ce conseiller au parlement de Paris jouait un rôle. Il détermina peut-être le premier choc de la révolution. Il s’était dévoué sous le despotisme de la cour avec un courage digne d’un vrai Romain ; mais il était noble, député de la noblesse ; et après avoir soulevé tous les parlements contre l’autorité royale, il en redevint l’humble valet.

Ce changement ne fut pas rare parmi tant d’hommes qui semblaient nés pour être républicains. Mirabeau revenait sur ses pas lorsque le poison l’arrêta. On eût dit qu’il se souvenait du comité des trente tyrans d’Athènes, qui pesa encore beaucoup plus sur la république qu’un seul Pisistrate.

On attribue le changement de Desprémesnil à un bon mot de Madame de Polignac, qui dans un dîner de parade avait dit hautement : qu’on mît les sceaux devant M. Desprémesnil. Elle parlait des seaux à rafraîchir, et l’on débita qu’il avait cru voir dans ce calembour le présage de sa nomination au ministère de la justice.

Il fut petit dès qu’il ne se trouva plus dans un corps de magistrature ; et la tribune qui a tué tant d’hommes réputés pour être éloquents, ne laissa voir qu’un conseiller au lieu d’un orateur.

Il fut souffletté à la journée dite des poignards ; et à son retour de Coblentz, reconnu sur la terrasse des Feuillants, il faillit devenir la victime du peuple. Pétion vint le débarrasser ; Pétion était alors dans toute sa gloire ; Desprémesnil tout en sang dit au Maire de Paris qu’il n’aimait pas : Et moi aussi, Monsieur, j’ai été porté en triomphe par le peuple.


Pitt et Cobourg. — Ces deux noms ont été répétés jusqu’à la satiété. Il n’en est pas moins vrai que Pitt a été le plus déterminé soudoyeur qu’on ait encore vu dans les annales du monde ; il aura perdu ses guinées. Renard Pitt a été dans son genre, a été dans son rôle aussi opiniâtre