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Cambon. — La loi proposée par Buzot, qui force chaque député à donner le bilan de sa fortune depuis l’Assemblée législative et constituante, et de justifier des causes de son accroissement, a toujours reçu sa plus forte opposition de la part des Montagnards. Cambon la trouvait mauvaise, lui qui affectait à la tribune de flatter la multitude. Dès qu’on touchait cette corde, on était un allié de Pitt. Jamais on ne put mettre en vigueur la loi qui leur aurait fait vider les poches. Nous ne refusions pas, nous, le Bilan de notre fortune.

Cambon exerça une dictature financière ; il a commencé le premier à se jouer de l’émission des assignats. Il voulait proscrire l’agiotage ; et pourquoi Cambon n’a-t-il pas fait fermer la Bourse plutôt, comme Clavière n’avait cessé de le demander depuis 1791 ? C’était aller droit à la source du mal. C’est Cambon qui a paralysé et persécuté le talent et le génie de Clavière, parce qu’il connaissait sa supériorité sur ces misérables plagiaires qui lui prêtaient leur étroite conception, en lui suggérant des expédients ruineux ou illusoires.

Le désastre de nos finances fut encore l’ouvrage des Montagnards ; et si l’un d’eux faisait mine de dénoncer de petits dilapidateurs à la tribune, c’était pour se réserver le droit de favoriser le chef des dilapidations. Pourquoi resta-t-il si longtemps à la tête des finances ? C’est qu’il fut le complice des anarchistes qui étaient encore des fripons, et que depuis il s’est coalisé avec eux.


Marat. — Ce misérable né dans le comté de Neufchâtel en Suisse, d’abord mendiant, puis empirique, qui réunissait la bassesse de la figure et du style à celle du caractère et de l’esprit, et dont l’insolence à la tribune était encore un ridicule, qui ne fut supérieur qu’à ses valets, occupera néanmoins plus d’une page dans l’histoire, et par son inconcevable déité et par sa mort qui fit descendre dans la tombe une jeune héroïne. L’histoire dira donc que si ce vil démagogue, qui a entaché le Panthéon et tous ceux qui l’y conduisirent, poussa une multitude aveugle au pillage