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il caressa une municipalité coupable, en état de révolte ouverte. Enfin il fut un des plus ardents provocateurs à l’anarchie, et toujours prêt à couvrir les assassins de sa voix Stentorienne.

En supposant que les adversaires de ces anarchistes eussent eu quelques torts, on n’en comptera pas un seul qui se soit enrichi depuis la Révolution. Ils ont évité tous les comités dans la main desquels était réellement le pouvoir.

Lacroix avait été décoré de la croix de St-Louis le 4 août 1792, et cela ne put ouvrir les yeux à tant de Parisiens stupides. Il fut impossible dès lors de réprimer les vociférations des tribunes, les menaces des coupe-jarrets, les attentats du club des Jacobins, les usurpations de la municipalité.

Un militaire osa dire (je l’ai entendu) : « voulez-vous savoir le moyen de sauver la Patrie ? je vais vous le dire : J’ai bien étudié la Convention ; elle est en partie composée de scélérats dont il faut faire justice, et pour cela il faut tirer le canon d’alarme et faire fermer les barrières. »

Bentabole qui présidait fait semblant de ne pas apercevoir cette provocation à l’assassinat, et complimente le militaire. On lui crie qu’il est un modéré et un Feuillant.

C’est parce qu’on n’a point vu dans les départements la lutte opiniâtre des vrais républicains contre cette société de Jacobins entièrement abandonnée de tous les vrais patriotes, de tous les hommes instruits, de tous les députés qui méritaient quelque estime et avaient quelque pudeur, qu’on a jugé très faussement que la Convention avait été faible ; elle fut forte, courageuse, intrépide jusqu’au 31 mai. Les 73 combattirent encore sur la brèche, paralysèrent des projets de décrets homicides, inspirèrent une sorte de crainte à la municipalité de Paris, la tinrent du moins en respect et ce ne fut qu’à leur retraite, qu’après leur enlèvement forcé que la digue fut rompue, et que tous les crimes inondèrent la France. Le peuple de Paris fut puni de n’avoir su ni les connaître ni les défendre, d’avoir vu lâchement ce dernier attentat qui donna le signal de toutes les violences et de toutes les cruautés.