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avaient assuré le succès. Mais les jours de Pétion étaient si précieux alors, qu’un décret lui défendit de s’exposer d’avantage ; et l’on vit longtemps sur les portes du château cette inscription : « Ici le Maire de Paris eût été assassiné, si un décret du corps législatif n’eût sauvé ses jours. »

Il était encore Maire de Paris pendant les boucheries de Septembre : mais les conjurés l’avaient consigné à la Mairie, en sorte qu’il était pur de ces massacres. Quand Manuel fit à la Convention nationale la proposition de donner à son président une garde d’honneur, et un logement aux Tuileries, Pétion venait d’être porté à la présidence. À la formation de l’Assemblée, certaines gens disaient qu’il visait au trône, et quantité d’autres désiraient qu’il y montât. Mais tout à coup il devint un objet de haine. Il fut mis hors de la loi à la suite du 31 mai ; et l’on ne sait ce qu’il est devenu. Il est mort sans doute misérablement, puisqu’il n’a point reparu au rappel de tous les proscrits[1].


Lacroix. — Devenu de simple avocat de campagne, colonel et maréchal de camp en deux ou trois mois, possesseur de riches propriétés, complice de Danton, il fit semblant de dénoncer, d’accuser Dumouriez, avec lequel il était d’intelligence ; et il favorisait ces tribunes où dominaient le souverain massacreur, les Bacchantes, les coupeurs de têtes, ainsi qu’il protégeait tous ces mouvements désordonnés des sections ; tandis que son ami Fabre d’Églantine, poète pauvre avant le 2 septembre, qui ne connaissait que des assignations au lieu d’assignats, possédait de quoi soutenir son hôtel, sa voiture, ses gens et ses filles.

Il fut un des grands oppresseurs de la Convention pure dans sa très grande majorité. Il gêna ses mouvements ; il se rangea du côté de ceux qui poussaient des cris, des rugissements, qui parlaient sans cesse de sans-culotterie ;

  1. Il s’enfuit d’abord à Caen, puis dans la Gironde où l’on trouva son corps au milieu des Landes, dévoré par les loups.