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tyrans peuvent avoir imaginé de plus astucieusement barbare. Voici ce qu’il proposa :

« Le tribunal extraordinaire sera composé de neuf membres ; ils ne seront soumis à aucune forme pour l’instruction ; ils acquerront la conviction par tous les moyens possibles.

« Le tribunal pourra se diviser en deux sections ; et il y aura toujours dans la salle destinée à ce tribunal, un membre chargé de recevoir les dénonciations.

« Le tribunal jugera ceux qui auront été renvoyés par décret de la Convention.

« Il pourra poursuivre directement ceux qui, par incivisme, auraient abandonné ou négligé l’exercice de leurs fonctions ; ceux qui par leur conduite ou la manifestation de leurs opinions, auraient tenté d’égarer le peuple ; ceux dont la conduite ou les écrits, ceux enfin qui par les places qu’ils occupaient dans l’ancien régime, rappellent des prérogatives usurpées par les despotes. »

Qui pourrait le croire ? le parti qui s’était déclaré républicain par excellence, le protecteur exclusif de la liberté la plus étendue, la plus illimitée, applaudit avec enthousiasme à cette conception diabolique, et demanda que sur le champ on en fit une loi. Philippeaux, qu’à sa mort on a couvert de tant de lauriers et de tant de cyprès, s’en déclara l’apologiste ; Vergniaux l’attaqua avec indignation, la repoussa avec horreur ; Cambon la combattit ; Barrère lui-même la traita comme une monstruosité que les despotes les plus déhontés n’auraient su imaginer dans le plus noir accès de leur rage. Après beaucoup de débats, le projet de Lindet fut abandonné.


Duport-Dutertre. — Spirituel, aimable et complaisant, il n’eut que des passions douces, un ton modeste et des manières affables avec tout le monde. Sa profession était celle du barreau ; et quand la révolution, en l’appelant aux fonctions de lieutenant de Maire, à l’organisation de la commune de Paris, lui eût fourni l’occasion de faire approu-