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fortune, vivaient cependant dans une sorte de luxe qui, quoique extrêmement crapuleux, exigeait néanmoins de très fortes dépenses ; qui payait ces brigands ? Pache ; et où délibéraient-ils ? dans la salle des Jacobins pendant leur absence. Ils étaient aux Jacobins ce que les Capucins étaient aux Jésuites, émissaires, espions. C’est de cette horde que sont sortis la plupart des coupe-jarrets qui ont causé tant de désordres dans Paris et dans ses environs. Il en sortit aussi des écrivains ; quels écrivains !… On vit les rues de Paris couvertes d’adresses et de pétitions toutes plus atroces les unes que les autres. Les gens sensés méprisaient ces placards, mais la populace les lisait, et on l’entendait s’absoudre du sang qu’elle avait bu. Ces brigands subalternes eurent l’audace de demander le rapport du décret qui ordonnait la poursuite des Septembriseurs. Il y eut opposition courageuse de plusieurs députés. Il y eut une lutte qui dura pendant plus de deux heures. Ce jour-là la Montagne semblait vouloir s’écrouler toute entière sur les députés généreux. Ceux-ci furent vaincus. La Convention nationale ordonna que l’exécution de son premier décret contre les Septembriseurs serait suspendue. De ce jour la porte fut ouverte à l’impunité, et tous les protecteurs d’assassins marchèrent tête levée.


Joseph Lebon. — Imaginez un prestolet faisant le cathéchisme ; c’était l’image de ce jeune Verrès qui aspirait à se faire nommer le petit Robespierre. Celui-ci, voyant en lui un fidèle, lui confia le soin de désoler la ville d’Arras qui les avait vus naître. Il était proconsul dans un âge où l’on est encore un mauvais précepteur. Il fut de tous les commissaires de la Convention, la bête féroce la plus anthropophage et ça devait être ; il était prêtre, et il agissait contre ses compatriotes, témoins de son abjection passée. Il s’était fait un état-major de bandits à bonnets rouges et à moustaches. Tous les jours, après son dîner, il assistait au supplice de ses victimes ; il suspendait même quelquefois le coup mortel pour leur lire une gazette. Je ne l’avais point vu à la