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nent des lois aussi désastreuses que les premières, sont utiles !

Au reste le mot liberté, fortement prononcé et voulu, a toujours fait le peuple libre. Il ne tient qu’aux Français, et surtout au Parisien, de vouloir formellement l’indépendance et la prospérité. Qu’il fasse pour la liberté, ce qu’il a tenté de faire pour la contre-révolution ; qu’il n’écoute pas la voix de celui qui se dit l’ami du peuple, mais de celui qui l’est en effet.

Il serait difficile de déterminer aujourd’hui quelle est l’opinion dominante. L’opinion individuelle a son opiniâtreté propre. Il n’y a plus d’opinion publique, vu les déchirements de la société ; mais l’opinion la moins nombreuse, celle des gens sensés qui reconnaissent la nécessité d’un gouvernement fort, peu à peu devient la dominante. On est trop longtemps parvenu à empêcher les hommes de s’entendre, en changeant la signification des mots. Le Parisien craint l’abus des mots, et il laisse aller les choses. D’ailleurs, presque toute moralité étant attaquée, on attend que le système du législateur soit complet ; et la peur de déchoir et d’être plus mal, aide à remonter vers le mieux. Dans une crise nouvelle, les bons citoyens seraient la proie des méchants ; les sages seraient aux ordres des fous ; les gens probes et éclairés seraient la dupe des fripons et des ignorants ; on ne veut point repasser par de pareilles épreuves. On a vu dans la démocratie, la popularité bien menaçante pour la liberté publique. On craint la popularité et la démocratie, en ce qu’elles sont bien voisines de l’ochlocratie.

Comment certains hommes ont-ils pu penser qu’on remontait le fleuve des événements ? Plus la chute du trône avait été éclatante, plus, il était impossible de le relever. Le principal espoir des royalistes fut dans ces énergumènes qui, sans choix, sans prudence, sans mesure, précipitaient le char de la Révolution, au lieu de le conduire ; en écartaient les mains habiles ; pour