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SECTIONS



L’histoire aura peine à décrire les imprécations insolentes d’une foule d’énergumènes qui, dans les sections, appelaient à grands cris le désordre et l’extermination : elles formèrent un conseil de la Commune, où tout ce que l’extravagance et la dépravation humaine pouvaient imaginer de plus vil et de plus atroce se débitait chaque jour contre ceux des citoyens de Paris qui avaient quelques moyens d’exister : on s’y battait à coups de chaises, mais on n’en vint jamais aux mains tout de bon. Ces misérables, après quelques débats entre eux, se réunissaient pour faire triompher la Commune de la Convention ; tous leurs conciliabules tendaient à perpétuer les atrocités révolutionnaires. Il sortait de ces conciliabules des pétitions tout à la fois si ridicules et si séditieuses, qu’Isnard, président de la Convention, comme fatigué et harassé des clameurs de ces sections, déclara au nom de la France, que si jamais on portait atteinte à l’inviolabilité de la Convention au milieu des citoyens de Paris, on viendrait un jour sur les rives de la Seine chercher la place où cette ville aurait existé. On ne saurait imaginer le cri que poussèrent tous les conspirateurs à cette déclaration énergique. On ne répétait plus dans Paris que ces mots : la Convention veut détruire la capitale. Les jacobins firent semblant de partager les fureurs des sectionnaires ; Hébert devint un patriote par excellence, un bon magistrat ; l’auréole de Marat devint plus brillante. On cassa la commission des douze, et ce fut là le signal de l’anarchie complète. Le ministre de l’intérieur, Garat, se rangeant par crainte du côté des scélérats, affirmait que tout était tranquille, qu’il n’existait point de conspiration ; et tous les poignards étaient aiguisés ! Un des chefs, Hébert, avait été mis en liberté ; ce fut un véritable triomphe pour cette assemblée de séditieux, et le présage certain de la