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est encombrée d’affaires, trahie ou mal servie. Mais le mal est-là ; il pèse tous les jours, toutes les minutes sur le cœur de cette infortunée… L’espérance ! Ah oui ! L’espérance, elle en a besoin ; c’est le baume réparateur de tous les maux, c’est la dernière consolation que la bienfaisante nature nous réserve dans les angoisses de la vie. Mais toujours l’espérance !… Sortons, quittons cette scène de douleur, et voyons ce qui se passe dans les lieux publics. Quel changement, et dans les décorations et dans les acteurs ! Les cabarets sont remplis de buveurs ; on dirait que le vin ne vaut que six sols, et il vaut quinze francs !

Les cafés retentissent de chants gais, ou de dissertations patriotiques, et le café vaut dix francs la tasse !

Les spectacles sont brillants de foule et de parure. Les traiteurs ! ah ! je n’ose approcher de ces tables irritantes où le moindre plat est estimé la valeur de cinquante dîners.

Et les nouvelles politiques ! Les uns n’y prennent part qu’autant qu’elles leur fournissent l’occasion de hausser leurs denrées ; les autres attendent l’événement.


ANNIVERSAIRE DU 21 JANVIER



Cet anniversaire est fondé sur une loi grandement politique ; cet anniversaire est devenu une fête républicaine et immortelle.

Mieux vaut goujat debout, qu’empereur enterré.

Ce vers a un très grand sens. Fontenelle disait : Je suis l’ami des imprimés, mais je fais la guerre aux manuscrits. Ainsi quand l’ouvrage est fait, quand la statue est fondue, quand la hache est tombée, ce n’est plus ce qui est fait qu’on doit censurer ; le passé n’est plus à nous : il ne faut plus voir alors que le présent et l’avenir.