sentit les serres de la mort, il parut ne comprendre qu’en ce moment terrible qu’il était coupable. Ce terroriste sans entrailles trembla à son tour sous le glaive impitoyable ; et sa vie s’éteignit dans le sang du panier où étaient déjà les têtes de Benoît de Foucault, de Duponnier et de Dix-Août[1], ministres de sa barbarie[2].
SUPPLICE DE ROBESPIERRE
ù prendrai-je des couleurs pour peindre le cri général de l’allégresse publique au milieu du spectacle le plus épouvantable, l’explosion de la joie bruyante qui se propage et qui retentit jusqu’au pied d’un échafaud[3] ? Son nom chargé d’imprécations est dans toutes les bouches ; ce n’est plus l’incorruptible, le vertueux Robespierre ; le masque est tombé ; on l’exècre ; on le rend responsable de tous les crimes des deux comités. On se presse sur les échoppes, dans les boutiques, aux fenêtres ; les toits sont couverts de peuple et chargés d’une foule variée de spectateurs de toutes classes qui n’ont qu’un objet, voir Robespierre conduit à la mort.
Au lieu d’un trône de dictateur, il est à demi couché sur une charrette qui porte ses complices Couthon et Henriot. C’est un bruit, un tumulte autour de lui, qui n’est formé que de mille cris de joie confus et de félicitations mutuelles. Sa tête est enveloppée d’un linge sale et sanglant ; on ne voit qu’à demi son visage pâle et féroce. Ses compagnons mutilés, défigurés, ressemblaient moins à des criminels