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dieu de Marat, ils voulaient lui accoler Hébert et Chaumette, ce pourceau monacal, digne ami d’un écrivailleur, homme de sang de son métier. C’était à Paris que se rendaient tous ces personnages alléchés par les aubaines que procure une révolution.

Et quel était le but des chefs de la Commune ? de dissoudre, d’anéantir la totalité de la Convention pour usurper tous les pouvoirs. Robespierre et Marat tombaient le même jour.

J’en ai tiré l’aveu de l’Espagnol Gusman. Nous l’appelions Tocsinos par allusion au tocsin du 31 Mai, qu’il avait fait sonner : il m’a dit plusieurs fois, en échange de quelques confidences, que l’insurrection, dont il était un des fauteurs, avait été dirigée contre la représentation toute entière. J’en instruisis sur-le-champ mes collègues détenus. Il nous était démontré que les Montagnards, non moins aveugles que féroces, n’avaient jamais connu le danger imminent qu’ils avaient couru eux-mêmes dans ces terribles journées ; ils eurent soif depuis du sang des 73, tandis que c’étaient nous qui, par notre généreuse et ferme protestation, avions porté les premiers coups aux trahisons du Suisse Pache, de l’Autrichien Poly, des Belges Péréira et Dubuisson, du Neufchâtellois Marat, de l’ex-capucin Chabot, tous étrangers ou sur le point de le devenir.

Ce qu’il y avait de plus monstrueux dans cette machination, c’est que la municipalité conspiratrice, en dissolvant, en frappant les fidèles représentants du peuple, voulait que cette dissolution se fît au nom de la Convention elle-même.

Les mêmes hommes qui gardèrent toutes les avenues qui aboutissaient au lieu de nos séances, qui nous injurièrent, qui portèrent la main sur nos personnes au point que plusieurs eurent leurs vêtements déchirés, qui nous couchèrent en joue lorsque quelques-uns de nous s’approchaient des fenêtres pour examiner ce qui se passait, furent encore les mêmes qui vinrent nous outrager dans nos cachots, nous parler avec insolence, nous refuser les choses néces-