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Mlle. Lancy.

C’est me rendre à la vie. Il y a trois jours que je n’ai mangé… (Elle mange avidement. Hilaire soupire, se détourne & s’éloigne ; son fils va à lui, le presse dans ses bras, comme pour le remercier de ce qu’il a fait pour Lancy. Ils parlent bas.)

Hilaire pere.

Ô Dieu ! quand l’expiation de nos crimes aura-t-elle mis fin à cette punition céleste ?

Hilaire fils.

Prenez soin d’elle, mon père, & laissez-moi sortir. J’irai, conduit par mon courage, & je rapporterai quelques alimens. Il ne faut plus compter sur notre domestique ; il devroit être de retour… Son zele ne nous aura servi de rien ; l’infortuné aura succombé sans doute au milieu de la rage d’une multitude affamée… Je suis plus jeune, plus adroit, plus robuste ; je serai plus heureux dans mes recherches… Ne me retenez plus ; demeurez avec ma mere, & regardez Lancy comme de la famille…