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avoit déjà payé trente-deux millions à cette noblesse vénale & intéressée, qui lui avoit fait acheter sa respectueuse soumission.

Henri eut besoin, sans doute, des qualités d’un négociateur pour concilier les François, les Allemands, les Anglois, les Hollandois qui servoient dans son armée. Il avoit à étouffer l’envie & la jalousie de ces grands qui se façonnoient déjà à l’art du courtisan. Etablir l’union parmi tant de sujets de discorde, devenoit un ouvrage qui exigeoit une adresse peu commune ; il l’eut. Il pardonna, il oublia les injures passées ; il fut un bon roi sur le trône, parce qu’il avoit essuyé la mauvaise fortune, & qu’il avoit reçu la meilleure éducation, celle des revers. Il avoit souvent manqué du nécessaire ; il songea dans la suite à ceux qui en manquoient. Il fut trois ans prisonnier d’état ; il ne convertit point son autorité en despotisme. Il avoit hasardé sa vie dans les batailles ; il fut être clément après la victoire. Il avoit vu plus d’une fois le poignard levé sur son sein ; il respecta le sang des hommes.

S’il changea de religion, ce fut plus par