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à opposer une juste résistance à ce pouvoir énorme qui depuis Louis XII avoit foulé & avili l’état. Déplorable aveuglement du siècle ! fatale erreur ! La France ayant à choisir, à nommer son monarque, ne conçut aucune idée politique. Armée, forte, vigoureuse, couverte d’acier, elle se jeta dans le dédale épineux des disputes théologiques, & s’enfonçant dans ces routes tortueuses, elle oublia le fer qu’elle tenoit, & l’époque la plus heureuse & la plus rare pour dresser un contrat social.

Henri IV tira l’épée pour régner. Mais ce qui le justifie, c’est que la force alors répondoit à la force, & qu’il opposoit le glaive au glaive. Le succès du prétendant étoit plus que douteux. Ses droits, quoique légitimes, pouvoient être annullés par la volonté des peuples, par leur opiniâtre résistance, ou par le cours des événemens ; l’ascendant terrible de la religion, les anathêmes multipliés, & qui invitoient les poignards du fanatisme, pouvoient encore à leur défaut l’éloigner à jamais