Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien de commun avec le sang bouillant de ses frères, il n’étoit pas né pour se trouver dans cette grande crise de l’état.

Mayenne, avec plus de fermeté & d’audace, auroit pu mettre la couronne sur sa tête. Les ducs, les comtes, &c. la noblesse enfin étoit toute prête à se vendre. En donnant des gouvernemens, en prodiguant les places les plus éminentes aux plus ambitieux, en poussant le roi de Navarre à toute outrance, il est probable qu’il auroit réussi. Le jeune duc de Guise, son neveu, enfermé pour lors, n’auroit pas nui à ses desseins ; mais Mayenne, d’ailleurs habile capitaine, n’avoit point d’activité, & il ne connut pas le prix des momens.

La nation dans cette forte épreuve, pleine du sentiment de ses maux & douée du plus grand ressort, égara son courage, & ne sut point établir ni même proposer une forme de gouvernement qui éloignât les désastres passés, dont le peuple avoit fait une si longue & si cruelle expérience ; elle ne songea point