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dans le plus grand éloignement. On avoit détesté la maison de Valois ; on n’aimoit guere plus la maison de Bourbon ; on la regardoit, disent tous les historiens, comme une branche égarée, perdue & bâtarde. Tous les vœux étoient pour les Guises qui étoient populaires & montroient du génie. Henri IV n’étoit aux yeux du peuple qu’un protestant qui renchériroit bientôt sur les attentats d’un roi catholique, & qui de plus détruiroit la messe dans Paris. Le sang des Guises existoit encore ; on le faisoit remonter jusqu’à Charlemagne, & ce sang versé sous ses yeux & pour sa cause sembloit devoir lui devenir encore plus cher. Mayenne avoit à venger ses deux freres tués à Blois. Seul reste de cette maison formidable, il ne figura point pour un chef de parti d’une manière ferme & décidée. En vain sa mère lui redemandoit ses fils massacrés ; en vain la veuve du duc & sa sœur crioient vengeance ; en vain la nation cessoit d’être royaliste : calme, irrésolu, modéré, il sembloit redouter d’être élu roi. N’ayant