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conquérir les armes à la main, pour rétablir l’équilibre. La nation qui sommeilloit dans une inaction molle, sentiment habituel de l’esclave, ne reprendra sa grandeur qu’en repassant par ces épreuves terribles, mais propres à la régénérer. Ce n’est qu’en tirant l’épée que le citoyen pourra jouir encore du privilege des loix ; privilege que le despote voudroit ensevelir dans un éternel silence.

Deux nations voisines & égales en force, qui se font la guerre, ne gagnent, après de longues secousses, qu’un épuisement mutuel. Elles se choquent d’une maniere toujours funeste ; elles sont dans l’impuissance de se fondre l’une dans l’autre, & la guerre conséquemment ne fait qu’accroître & irriter leurs blessures. L’auteur de l’Esprit des loix dit que la vie des états est comme celle des hommes. Deux nations armées se font donc des maux irréparables, & le sang est versé dans d’inutiles batailles. Mais la guerre civile est une espèce de fievre qui éloigne une dangereuse stupeur & raffermit