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des ciseaux suspendus à sa ceinture ; elle coupe la chemise de Démon entre son cou et le poing de son père.

« Échappe-toi ! » dit-elle tout bas.

Démon a disparu. Son père se retourne ; sa physionomie change ; il ressemble à un homme à moitié réveillé, qui est encore en face des images d’un rêve horrible. Enfin, il se recueille, ressaisit ses pensées, ordonne à M. de Lauzun d’appeler Sémiramis. La terrible vieille accourt avec son inséparable baleine ; son fils, le bon Salvador, instruit de ce qui vient de se passer, la suit, navré de chagrin.

« Alà moin, dit Sémiramis.

« Mettez cette femme aux ceps, » dit Saint-Ybars en montrant Mamrie.

Sémiramis saisit Mamrie par le bras :

« To marché drette, ou sinon….dit-elle de sa voix rauque et en agitant sa baleine.

« Vou pa besoin serré moin comme ça, remarque Mamrie ; ma marché san ça, mo pa envie parti couri marron. Mo connin ça mo mérité ; la mor pa fé moin peur. »

Un des pigeonniers de la cour, solidement bâti en briques, contenait une chambre qui par occasion servait de prison. Un bloc en bois de chêne, percé de deux trous, était fixé au plancher ; il se composait de deux parties, l’une posée sur l’autre, la partie supérieure étant mobile et à charnière. Sémiramis, ayant soulevé la partie supérieure du bloc, ordonna à Mamrie de s’asseoir sur le plancher, d’allonger ses jambes et de les poser sur les demi-lunes de la moitié inférieure. Cela fait, elle rabattit la moitié supérieure, et l’immobilisa sur l’autre au moyen d’un cadenas qu’elle ferma à double tour.

« Asteur, dit-elle, to gagnin tou plin tan pou zonglé, jisca jour là yé pende toi. »

Mamrie ne répondit pas. Sémiramis referma la porte du pigeonnier, laissant la prisonnière à ses réflexions.