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« Li tro joli ! s’écria Mamrie ; ga comme li gai, comme lapé ri.

« C’est vrai, dit Mme Saint-Ybars ; elle a un petit air si aimable ! vois comme elle nous tend les bras ; prends-la. »

Jusque-là Cerbère n’avait pas bougé. Quand il vit Mamrie se baisser pour prendre l’enfant, il se leva et gronda.

« Ki ci ça ? dit Mamrie, s’adressant à Cerbère ; dabor ki permette toi entré dan la mézon ? cofair tapé grognin ? èceque to oulé empéché moin pranne piti cila ? »

Cerbère gronda plus fort, et montra les dents.

« Mamrie, prends garde, dit Mme Saint-Ybars, il est vraiment menaçant ; laisse-moi essayer. »

Mme Saint-Ybars à son tour se baissa ; mais Cerbère passant ses pattes de devant par-dessus l’enfant, grogna encore et roula ses gros yeux jaunes.

« Que signifie tout ceci ? dit Mme Saint-Ybars ; Mamrie, va prévenir Monsieur. »

En quelques minutes Saint-Ybars, ses fils, ses filles, ses gendres, ses belles-filles et plusieurs domestiques étaient sur la galerie. Cerbère se promenait d’un air redoutable autour de l’enfant ; aux ordres et aux menaces de Saint-Ybars, il répondait par un aboiement furieux.

Nogolka s’était levée plus tard que de coutume. En sortant de sa chambre, elle entendit Démon qui appelait Chant-d’Oisel, en lui disant de venir voir quelque chose d’extraordinaire. Chant-d’Oisel accourut. Dès que Cerbère la vit, il s’arrêta, la regarda, ensuite regarda l’enfant et gémit d’une voix caressante. Chant-d’Oisel prit l’enfant. Ce fut à qui s’extasierait le plus sur l’étrange conduite de Cerbère ; quant à lui, sa mission finie, il reprit tranquillement le chemin de la cour.

Jamais fillette à qui l’on donne une belle poupée pour ses étrennes, ne manifesta plus de joie que Chant-d’Oisel. L’enfant lui souriait, mettait ses petites mains sur ses joues, et posait ses lèvres sur les siennes.

Vieumaite arriva, au milieu du bruit et des commentaires qui se faisaient autour de l’enfant ; on lui expliqua ce qui causait tout ce tapage. D’abord, ce fut son œil du