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CHAPITRE XIV

Le 20 et le 21 septembre



Dès le lendemain, un journal de Donaldsonville annonçait la disparition de Titia. L’avis était contenu dans un cadre au coin supérieur duquel on voyait, à gauche, une gravure représentant une femme dans l’attitude de la course, portant sur son épaule un paquet de voyage au bout d’un bâton. Le signalement de la fugitive était donné minutieusement ; cinquante piastres étaient promises à qui la ramènerait à l’habitation Saint-Ybars.

Deux personnes eurent plus de chagrin que les autres de la fuite de Titia, mais pour des motifs bien différents. Chant-d’Oisel en éprouva la douleur amère et décourageante, que cause l’ingratitude ; ne pouvant pas apprécier le dévouement maternel de son esclave, elle crut qu’elle manquait de cœur. Pour M. le duc de Lauzun, l’acte de la jeune et jolie femme fut une blessure horrible faite à son amour-propre. Amoureux d’elle depuis le jour même de son entrée chez Saint-Ybars, il n’avait cessé de la poursuivre de ses déclarations et de ses demandes. Se croyant le plus beau et le plus séduisant des hommes, pour avoir débauché quelques jeunes négresses, il ne doutait pas de son triomphe ; dans son outrecuidance, il en avait fixé le jour et l’heure ; or, Titia disparaissait juste à la date qu’il avait assignée à sa victoire. Quel coup de foudre pour M. le duc !

L’avis publié par le journal de Donaldsonville, fut reproduit dans ceux des paroisses environnantes, et même dans ceux de la Nouvelle-Orléans. Les gens qui faisaient métier