Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

sa prison ; sa tête était en sang. Démon le repoussa à l’intérieur, en disant avec impatience :

« Resté don tranquil, bête !

« To bon toi, lui dit Mamrie ; to oté li so laliberté é to oulé li contan. Mo sré voudré oua ça to sré di, si yé té mété toi dan ain lacage comme ça.

« Mété moin dan ain lacage ! s’écria Démon sur le ton de la fierté indignée ; mo sré cacé tou, mo sré sorti é mo sré vengé moin sur moune laïé ki té emprisonnin moin.

« Ah ! ouëtte, tou ça cé bon pou la parol, répliqua Mamrie ; si yé té mété toi dan ain bon lacage avé bon baro en fer, to sré pa cacé arien ; to sré mété toi en san, épi comme to sré oua ça pa servi ain brin, to sré courbé to laéte é to sré resté tranquil comme pap là va fé dan eune ou deu jou.

« Non ! repartit Démon, mo sré laissé moin mouri de faim.

« Ça cé ain bel réponse, dit Mamrie ; to fier même ! to pa ain Saint-Ybars pou arien. »

Le malheureux pape, brisé de fatigue était affaissé sur ses pattes ; sa poitrine se gonflait douloureusement ; ses yeux noirs étincelaient de colère. Sa femelle, réfugiée dans un coin, faisait entendre de petits cris plaintifs. Après un moment de silence, Démon dit :

« Mamrie, ga comme fumel là triste.

« Cé pa étonnan, répondit la bonne négresse, lapé pensé à so piti ! yé faim, yapé pélé yé moman ; mé moman va pli vini ; cé lachouette ou kèke serpen ka vini é ka mangé yé. »

Démon devint pensif. Tandis que sa nourrice voyait à une chose ou à une autre, il contemplait ses prisonniers. Il se leva, et sortit sans rien dire. Au bout de quelques minutes, Mamrie le vit rentrer ; son trébuchet était vide.

« Eben ! » dit-elle d’un air étonné, « coté to zozos ? »

Une fausse honte empêcha Démon de dire ce qui en était ; il répondit d’une voix mal assurée :

« Yé chapé.