Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le petit babil de Chant-d’Oisel intéressait beaucoup Pélasge. Voyant en elle une enfant intelligente et spirituelle, il pensa qu’il pouvait, sans indiscrétion, s’éclairer en l’interrogeant.

« Monsieur votre grand-père, dit il, ne paraît pas grand admirateur de Monsieur Héhé.

« Ma foi, non ; c’est même lui qui a conseillé à mon père de changer de professeur pour Démon. Du reste, Monsieur Héhé a des élèves sur plusieurs habitations ; il ne pouvait nous faire qu’une heure de classe par jour. Grand-papa a été d’avis qu’il fallait avoir un maître à demeure.

« Est-ce qu’il est bien vieux, Monsieur votre grand-père !

« Oh ! je crois bien ; il a quatre-vingts ans.

« Vous avez l’air de l’aimer, Mademoiselle ; parlez-moi de lui.

« Grand-père est un savant.

« Ah !

« Oui, Monsieur ; depuis l’âge de cinquante ans, il a livré l’habitation entièrement à mon père, pour se consacrer à ses livres et à ses instruments de physique et d’astronomie ; il a aussi un laboratoire de chimie. Pour avoir sa tranquillité, il s’est fait construire une maison à un demi-mille de la nôtre. Il vient souvent dîner avec nous ; son couvert est toujours mis. Il a beaucoup voyagé dans son jeune temps. Pendant les vingt-cinq ans qu’il a géré l’habitation, il a augmenté considérablement sa fortune. Il est abonné à toutes les revues importantes, qui paraissent en Amérique et en Europe.

« Votre famille est nombreuse, Mademoiselle ?

« J’ai huit frères et six sœurs ; Démon et moi nous sommes les derniers. Quatre de mes frères et deux de mes sœurs sont mariés. Nous demeurons tous ensemble. Il y a chez nous une cousine de mon père, Mademoiselle Pulchérie ; elle partage avec ma mère l’administration de la maison.

« Je pense, Mademoiselle, que vous avez conservé les goûts qui vous ont valu votre joli nom de Chant-d’Oisel ?

« J’aime toujours les oiseaux, Monsieur, mais pas en