Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

On mit son corps dans une voiture ; mais personne ne s’empressa de l’accompagner ; le médecin fut obligé de se charger de cette triste besogne.


CHAPITRE XLIV

Entretien de Mamrie et de Lagniape



Blanchette était montée à l’observatoire. Mourante d’inquiétude, les yeux noyés de larmes, elle attendait à une fenêtre du côté de l’Orient. Enfin, elle reconnut de loin le cab de Pélasge. Cette fois Démon était assis près du cocher. Dès qu’il vit Blanchette qui se penchait hors de la fenêtre, il agita son mouchoir.

Lagniape et Mamrie étaient dans la cour, ne se doutant encore de rien. Elles entendirent des cris perçants, et, aussitôt après, un bruit de roulement ; c’était Blanchette qui descendait l’escalier. Elle traversa la maison avec la rapidité d’un oiseau qui s’échappe, et courut au-devant de Démon. Elle perdit son peigne en route, ses cheveux bondissaient au soleil.

Démon sauta sur le chemin, et la reçut dans ses bras. Blanchette l’emmena au bord du fleuve, dans un endroit qu’elle aimait à cause de la solitude. Là, ils eurent un long et doux entretien, au bruit régulier des petites vagues qui venaient mourir à leurs pieds. Ils passèrent là une de ces heures comme il y en a peu dans la vie, heures de contentement parfait où l’on oublie le passé et l’avenir pour se plonger dans la jouissance du présent, comme si ce présent devait durer toujours.