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ne fait pas de progrès dans ses études. Il fait le désespoir du maître qu’il a eu jusqu’ici. Si vous parvenez à faire mieux que votre prédécesseur, je vous proposerai un engagement, Monsieur, qui ne peut manquer de vous convenir. Je vous donne trois mois pour voir si vous pouvez tirer quelque chose de votre élève. Jusque-là vous aurez soixante-quinze piastres par mois. Ces conditions vous conviennent-elles ?

« Il serait présomptueux de ma part, Monsieur, répondit Pélasge, de croire à priori que je réussirai là où un autre n’a pas obtenu de bons résultats. Toutefois, ce que vous dites des dons naturels de votre enfant m’autorise à avoir confiance. Un changement de professeur entraîne presque toujours un changement de méthode ; souvent il n’en faut pas davantage pour faire prendre l’essor à l’intelligence d’un enfant. En tout cas, Monsieur, c’est un essai que vous me proposez ; vous réservez entièrement ma liberté, je dois vous en remercier. Vos offres m’honorent, je les accepte. »


Chapitre II

Antony Pélasge. ― Chant d’Oisel.


Le lendemain de cette entrevue, Pélasge se réveillait à cinq heures du matin, à bord de l’Océola, le plus beau bateau à vapeur qui fit alors le service de la côte entre la Nouvelle-Orléans et Bâton-Rouge. Quand il sortit de sa cabine, les premières lueurs de l’aurore teignaient en rose la surface tranquille du fleuve ; une fraîche brise du Sud