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Au moment où Démon passait devant le groupe, M. des Assins dit à haute voix :

« Le voici avec sa négresse. »

Démon ne l’entendit que trop bien ; il se retourna, et, le regardant avec mépris, il lui jeta cette épithète au visage :

« Misérable ! »

C’était précisément ce que voulait M. des Assins. Il fit, avec la tête, un geste qui voulait dire ceci :

« Nous nous reverrons bientôt. »

Démon le salua de la main, de façon à faire comprendre qu’il était à sa disposition.

« Encore un duel ! s’écria l’une des trois dames.

« Des Assins a tort, remarqua la plus âgée, on n’insulte pas comme ça un homme de but en blanc. Il a confiance en sa réputation de duelliste. S’il tue ce jeune homme, c’est abominable ! je ne lui parle plus. »

Blanchette avait entendu seulement le mot négresse ; elle ne se faisait pas la moindre idée du sens que des Assins y avait attaché. Mais elle entrevit quelque chose de très grave ; elle devint toute tremblante, et demanda à Démon, presque en pleurant, l’explication de ce qui venait de se passer. Il la rassura de son mieux. Elle ne fut pas satisfaite ; elle resta inquiète, se disant qu’à coup sûr un duelliste comme M. des Assins ne se laisserait pas appeler misérable sans se venger. En rentrant, Démon l’embrassa plusieurs fois, et lui recommanda de ne pas se tourmenter. Il avait repris son calme ; il parlait d’une voix si naturelle, que Blanchette se rassura en partie ; elle se retira dans sa chambre, le cœur un peu moinsoppressé.