bonne fille, bien aimante, bien respectueuse envers vous.
« Adieu, Mamrie ; vou connin, mo conté su vou pou couché moin dan mo cercueil ; il là dan lote lachambre, diboutte dan larmoir. »
En effet, Chant-d’Oisel avait tout prévu, elle avait fait venir une bière de Donaldsonville. Elle reprit haleine, et continua :
« Je désire être mise dans le compartiment du tombeau où est grand-maman Saint-Ybars. »
Elle serra la main de Pélasge.
« Vous viendrez quelquefois sous le vieux sachem ? demande-t-elle.
« Quelquefois ? répondit Pélasge, non ! tous les jours.
« Merci, merci ! dit-elle en lui serrant encore la main ; et regardant le juge.
« M. Dugué, ajouta-t-elle, je ne suis pas égoïste ; j’aime trop Pélasge, pour vouloir enchaîner son avenir. Un jour cela doit être, il sera aimé d’une autre femme comme il le mérite ; plus heureuse que moi, elle vivra pour partager ses joies et ses peines. »
Pélasge secoua tristement la tête.
« Ma chère petite femme, dit-il, j’ai fini de vivre ici-bas de la vie du cœur ; le mien vous suit, gardez-le pour toujours. »
Un dernier reste de chaleur colora les joues de la moribonde ; ses yeux brillèrent ; un suave sourire flotta sur ses lèvres : on eut dit un retour de son ancienne beauté. Elle répéta plusieurs fois, dans un murmure doux et caressant, en regardant Pélasge :
« Ma chère petite femme ! oui, votre chère petite femme qui vous aime de toute son âme. »
Elle fit signe à Blanchette de venir, et lui dit :
« Blanchette, tu aimes bien Nénaine, fais-lui plaisir jusqu’à la fin ; mets-toi au piano, joue l’Adieu de Schubert, tout doucement. Mais auparavant, je veux serrer la main à Lagniape ; où est-elle ? »
Mamrie regardant du côté de Lagniape, lui dit :
« Vini, lapé pélé vou. »