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ses habits de cérémonie. Sa figure était pâle et contractée ; on voyait qu’il faisait intérieurement d’immenses efforts pour dominer son chagrin.

Les témoins avaient signé d’avance l’acte de mariage, et se tenaient par discrétion dans le salon.

Le juge, après avoir lu l’acte de mariage, prononça une allocution toute paternelle. Sa voix était émue ; il pensait à sa propre fille morte seulement depuis un mois, à l’âge de Chant-d’Oisel.

Mme Saint-Ybars tenait les alliances, dans une petite corbeille en argent ciselé souvenir de famille heureusement échappé aux désastres de la guerre.

Chant-d’Oisel ôta le gant de sa main gauche. Pélasge passa une bague à son annulaire. Chant-d’Oisel, à son tour, passa au doigt de Pélasge l’anneau qui lui était destiné.

La cérémonie terminée, Chant-d’Oisel parut contente malgré son extrême fatigue. Sa respiration était courte et fréquente, ses lèvres bleuissaient, une rosée froide perlait sur son front. Elle dit à Mamrie de monter sur son lit, pour lui tenir la tête haute. Mamrie s’assit à côté d’elle. Chant-d’Oisel appuya sa tête sur le sein de sa nourrice. Elle tendit la main droite à Pélasge, en disant : « Merci. » Mme Saint-Ybars, accoudée au côté opposé, lui tenait l’autre main.

Chant-d’Oisel étouffant de plus en plus, dit à Blanchette d’ouvrir partout.

Lagniape était dans un coin, répétant tout bas : « Mourir si jeune ! »

Chant-d’Oisel regarda tout son monde, et dit :

« Vous voulez tous me faire plaisir, n’est-ce pas ? eh bien ! tâchez de retenir vos larmes. La mort est naturelle comme la vie ; un peu plus tôt, un peu plus tard, elle vient toujours. Je regrette seulement qu’elle ne me laisse pas le temps de voir Démon. Cher frère ! comme il sera triste quand il verra les résultats de cette affreuse guerre. Embrassez-le bien pour moi.

« Adieu, chère maman ; j’ai été, autant que j’ai pu, une