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CHAPITRE XXXII

Démon veut revenir



Au commencement des hostilités, Démon voulait rentrer dans son pays. Pélasge l’en dissuada. « Pourquoi revenir ? Lui écrivait-il ; sans doute parce-que vous vous y croyez tenu d’honneur. Vous voulez, comme vos frères, payer votre dette de sang à votre État natal. Mais l’éducation que vous avez reçue en Europe vous a donné d’autres idées, d’autres sentiments que ceux de vos frères. J’ai là, sous les yeux, votre lettre du 19 novembre 1860 ; j’y lis ce passage qui donne une si haute idée de votre raison ; on le croirait écrit par un homme de quarante ans. ― L’Union est-elle vraiment en danger ? je ne pense pas que le Sud gagne à la rompre. L’esclavage est condamné dans la conscience du dix-neuvième siècle. Mort même dans l’esprit des maîtres, en tant que croyance, ce n’est plus qu’un fait brutal, une affaire d’argent, et la question se résoudra définitivement contre le Sud ; s’il prend les armes, il sera désapprouvé par la partie éclairée et libérale de toutes les nations. L’affranchissement des nègres est une des nécessités de notre temps ; il me paraît beaucoup plus prochain que vous ne le croyez au Sud. Ne me traitez plus d’esprit chimérique. Voyez : il y a à peine quelques mois, l’unité italienne était reléguée au séjour des utopies par MM. De Metternich, Guizot et Thiers, et voici qu’elle prend les formes tangibles de la réalité. ―