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Stoval, tout habillé de blanc, les bras liés par derrière, marcha vers la potence d’un pas ferme et en chantant une dernière hymne. Il y avait environ deux cents spectateurs dans la cour. Il s’assit sur un tabouret, au milieu de la plate-forme du gibet. Là, il se tut et se recueillit. Après un court silence, il prononça quelques paroles pour reconnaître qu’il avait mérité la peine à laquelle la loi l’avait condamné. Il se souvint de son père et de sa mère ; il en fit l’éloge, et les exonéra de toute responsabilité à son égard ; « lui seul était coupable, sur lui seul devait retomber l’infamie de sa mort. »

Quand il eut cessé de parler, un des hôtes de la prison, remplissant les fonctions de bourreau, s’avança vêtu d’un domino noir, le visage caché sous un masque, passa la corde à son cou, tira son bonnet blanc jusqu’au dessous du menton, et entra dans une cellule contiguë à la potence. On entendit un coup de hachette coupant les cordes qui retenaient la plate-forme ; celle-ci se déroba avec fracas sous les pieds du condamné : le grand corps sans vie de Stoval tournoya dans l’air, à vingt pieds au-dessus du cercueil qui l’attendait.

Lagniape, en apprenant ces détails, leva les yeux au ciel et dit :

« Le malheureux ! pour ce qui me concerne, je lui pardonne. »