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« Oui, man Miramis, ma parlé bien clair. Ça mo di cé vrai. Titia néyé dans pi ; so ziés ton gran ouvert, lapé gardé on ciel. »

On courut au puits. Ce qu’avait dit la petite négresse, n’était que trop vrai. Titia, les bras croisés sur la poitrine et la tête à moitié hors de l’eau, les yeux ouverts et dirigés vers le ciel, était étendue sur le dos, raide comme une statue.

Le brouhaha de la cour mit fin au long sommeil de M. de Lauzun. Le bruit des voix et l’attroupement des gens autour du puits, excitèrent sa curiosité ; il s’habilla en toute hâte. Il allait sortir lorsqu’il aperçut une carte à jouer que l’on avait glissée sous la porte : c’était un as de pique, sur lequel il y avait quelque chose d’écrit. Il la ramassa, et lut :

« À vous la responsabilité de ma mort. Respectez le secret de la petite innocente : sinon, soyez maudit ! »

M. de Lauzun reconnut immédiatement l’écriture de Titia. Il cacha la carte dans son portefeuille. Il sortit en tremblant ; une terreur incoercible faisait vaciller ses genoux. Il se dirigea vers la foule. On venait de retirer Titia du puits. À l’aspect de sa figure décolorée et de ses yeux ouverts et immobiles, il poussa un cri d’épouvante, et tomba à la renverse, privé de connaissance.

« Fichu capon, » grommela Sémiramis.

Et pour le ramener à la vie, elle ordonna à un nègre de lui lancer des seaux d’eau au visage.