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pensant que Titia était de nouveau partie marronne avec son enfant. Le désappointement et la colère le tinrent éveillé jusqu’à trois heures ; il s’endormit en se promettant, dès que l’occasion s’en présenterait, de se venger.

Le reste de la nuit s’écoula paisiblement. Avec le retour du jour, tout dans la maison reprenait son train ordinaire. Chant-d’Oisel fit appeler Titia plusieurs fois ; on finit par lui répondre qu’on ne savait où la trouver, qu’on l’avait vainement appelée de tous côtés.

La disparition de la jeune domestique devint le sujet de toutes les conversations ; l’idée qu’elle s’était échappée encore une fois, se présenta naturellement à tous les esprits.

On apprêtait le déjeuner. M. de Lauzun dormait encore, malgré le bruit de la cour.

Une petite négresse que Mme Saint-Ybars avait envoyée chercher de l’eau au puits, rentra dans la maison en poussant des cris d’effroi. On eut beau l’interroger, elle ne répondait pas et criait toujours ; elle était prise d’un mouvement convulsif général ; on eût dit qu’elle dansait sur des charbons ardents. Ses cris attirèrent tout le monde dans la chambre de Mme Saint-Ybars. Les yeux lui sortaient de la tête, ses mâchoires claquaient comme une crécelle.

Sémiramis accourut.

« Atanne, dit-elle, ma fé li parlé,moin. »

Et s’avançant vers la petite négresse, elle agita sa baleine, et dit :

« Acé grouillé comme ça, é to pé to ladjeule. »

La petite négresse s’arrêta et se tut.

La terrible vieille fixa sur elle ses gros yeux brillants et durs, et lui dit :

« Ça to té gagnin pou crié comme si moune tapé corché toi ? »

« Titia…

« Titia, apré ?

« Li néyé.

« Ça to di ? parlé clair, ou sinon…