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CHAPITRE XXII

Après l’orage



Le calme se rétablit sur l’habitation Saint-Ybars. Les dégâts produits par l’ouragan furent bientôt réparés ; mais l’orage moral, qui avait troublé la paix de la famille, laissa des traces, surtout chez Démon. Il resta triste et taciturne ; il n’étudia plus avec la même ardeur, il devint de plus en plus indifférent à tout. Pélasge essaya vainement de le ranimer ; à toutes ses exhortations son élève répondait : « Je suis déshonoré ; je veux m’en aller. »

Pélasge, alarmé enfin de la mélancolie croissante de Démon, en causa longuement avec Vieumaite. « Croyez-moi, Monsieur, dit-il en se résumant, n’attendons pas davantage pour éloigner Démon ; il y aurait péril en la demeure. Tout ici rappelle à cette jeune âme la blessure qui lui a été faite ; plus Démon grandirait parmi nous, plus cette blessure s’élargirait. Il arriverait un moment où le ressort de la vie morale se romprait chez lui ; alors, tout serait perdu.

« Vous avez raison, répondit Vieumaite ; la déplorable journée du 21 septembre a laissé au front de Démon une cicatrice ineffaçable, et dans son âme un chagrin que l’éloignement et le temps seuls pourront adoucir. Il est urgent qu’il parte ; j’en parlerai à son père. »

Quinze jours après cet entretien, Démon s’embarquait à la Nouvelle-Orléans sur un clipper qui partait pour le